« The Killer » : John Woo en roue libre à Paris

Tueuse à gages solitaire, Zee vit à Paris dans une chambre spartiate, comme Alain Delon dans « le Samouraï ». Sauf qu’elle ne possède pas un élégant canari en cage mais un gros poisson rouge. Voir l’animal tourner en rond dans son bocal avec vue mansardée sur la tour Eiffel apparaît comme la parfaite métaphore du film : avec ce grossier remake d’un de ses classiques hongkongais, John Woo, 78 ans, ex-maître de l’action survoltée et du lyrisme chevaleresque, se livre à un exercice d’autoparodie touristique du plus gênant acabit.

Passons sur l’intrigue, quête de rédemption d’un ange de la mort qui prend sous son aile une de ses victimes. Ici, l’assassin est une femme incarnée par la belle et peu subtile Nathalie Emmanuel, égérie des grands cinéastes à bout de souffle (après « Megalopolis », de Coppola). Le flic, nommé Sey, est joué par Omar Sy ; le méchant, trafiquant de drogue et collectionneur d’art, par Eric Cantona et le vil prince arabe, par Saïd Taghmaoui. A l’image de son casting, cette série B ressemble aux nanars qu’usinait le producteur Luc Besson dans les années 2000, rehaussée par les brefs éclairs de savoir-faire d’un Woo aux fraises.