"C’est comme si on rayait des gens de la société" : la colère monte chez les élus face à la menace de disparition des centres d’action sociale

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Stéphanie Leborne

l'essentiel Un amendement de la proposition de loi sur les pouvoirs dérogatoires des préfets suscite la colère parmi les élus et les acteurs de l’action sociale. En Ariège, élus et responsables des centres communaux d’action sociale appellent à sa suppression immédiate.

Martine Froger doit interpeller le gouvernement ce mardi 10 juin sur l’article 4bis de la proposition de loi sur les pouvoirs dérogatoires des préfets.
Martine Froger doit interpeller le gouvernement ce mardi 10 juin sur l’article 4bis de la proposition de loi sur les pouvoirs dérogatoires des préfets. DDM

Un amendement de la proposition de loi sur les pouvoirs dérogatoires des préfets a fait monter la tension d’un cran dans les rangs des élus ariégeois. Alors que le Sénat s’apprête à examiner cette proposition de loi, l’article 4 bis de cet amendement suscite une vive inquiétude chez les représentants des centres communaux d’action sociale (CCAS).

Et pour cause : cet article pointé du doigt, pourrait permettre aux préfets d’autoriser une commune "à ne pas créer de CCAS", même si celle-ci dépasse le seuil des 1 500 habitants – seuil jusqu’alors obligatoire pour la mise en place de cette structure d’aide de proximité.

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"Une décision qui rendrait la création des CCAS facultative", dénonce l’Union nationale des CCAS (UNCCAS), qui appelle à une mobilisation massive ce mardi 10 juin. "C’est une ligne rouge qui est franchie. Cette proposition constitue une attaque directe contre un pilier bicentenaire du service public, un outil essentiel dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion […]. Nous exigeons le retrait immédiat de cette mesure", dénonce l’UNCCAS dans un communiqué.

"Une nouvelle atteinte au principe d’égalité"

Pour le président des CCAS de l’Ariège, Alain Sutra, cette proposition "est une nouvelle atteinte au principe d’égalité" : "Le CCAS a été créé après la Révolution, c’est le relais direct entre les gens en grande difficulté et l’administration, et les gens qui en bénéficient sont souvent en rupture ou n’ont pas de domicile fixe. Aussi, j’ai demandé à nos trois parlementaires d’interpeller le gouvernement à ce sujet".

Supprimer des CCAS, "c’est marquer une défiance envers les communes qui essaient de mettre tout en œuvre pour aider leurs habitants, assure de son côté le sénateur Jean-Jacques Michau. Je suis fermement opposé à cette mesure. Oui, il faut de la simplification, mais les CCAS sont des outils à la main des communes qui permettent d’aider les plus démunis rapidement. Supprimer des CCAS, ce n’est pas un bon signe".

"On s’attaque vraiment à la misère des gens"

Pour Laurent Panifous, député de la 2e circonscription, "s’attaquer à l’accompagnement social est une aberration" : "Je ne comprends pas comment à Paris, d’un seul coup, on peut se dire que ce serait bien de supprimer des CCAS. Faire en sorte d’être vigilant vis-à-vis des plus fragiles de nos concitoyens, c’est peut-être le rôle le plus important de l’élu local. Je suis vraiment très étonné que des gens aient ce genre d’idée."

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Même discours chez la députée de la 1re circonscription Martine Froger : "Le CCAS, c’est un maillon essentiel de la solidarité locale, encore une fois, on tape toujours sur les mêmes, et là on s’attaque vraiment à la misère des gens, les plus démunis car le CCAS c’est le dernier recours, là où se font domicilier les sans domicile fixe. C’est comme si on rayait des gens de la société, on veut les rendre invisibles, ça me dépasse. Et je ne vois vraiment pas où on peut faire des économies, je ne comprends pas cette décision qui ne s’appuie sur aucune évaluation objective et qui se fait complètement en catimini, on l’apprend comme ça de bouche-à-oreille, c’est complètement ubuesque." La députée ariégeoise doit interpeller le gouvernement sur cette question ce mardi entre 15 heures et 16 heures.

15 000 CCAS en France, 44 en Ariège

Selon l’UNCCAS, la France compte environ 15 000 centres communaux et intercommunaux d’action sociale (CCAS et CIAS). Leur mission est de lutter contre l’exclusion, de soutenir les personnes les plus fragiles, de garantir l’accès aux aides sociales et d’accompagner les personnes âgées ou en situation de handicap. Ces structures, bien que rattachées aux municipalités, sont juridiquement indépendantes.

En Ariège, on recense 44 CCAS, dont beaucoup jouent un rôle crucial dans des communes rurales où les services sociaux sont rares, voire inexistants. Face à une mesure jugée incompréhensible et injustifiée, le monde de l’action sociale attend désormais des réponses claires du gouvernement.

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Les commentaires (17)
Glomion Il y a 12 heures Le 11/06/2025 à 10:59

La fermeture des CCAS est une bonne nouvelle pour les religions, car désormais, elles seront les seules à tenir le rôle de la charité, comme au bon vieux temps d'avant la révolution française. C'est un signal fort pour les frères musulmans, et nos frères catholiques intégristes qui vont être ravis de cette décision.

jacquouillejb Il y a 9 heures Le 11/06/2025 à 13:36

cathos intégristes ? que nenni , cathos traditionalistes ( ils veulent remettre la messe en latin , et cela semble vs heurter ) ;

JBDumas59 Il y a 8 heures Le 11/06/2025 à 14:19

@jacquouillejb Oui, des cathos intégristes. Et je vous rappelle que Jésus et les apôtres parlaient l'araméen. Le seul qui comprenait le latin était Saint Paul parce qu'il était citoyen romain. C'est d'ailleurs pour ça qu'il a été décapité et pas crucifié.

jacquouillejb Il y a 8 heures Le 11/06/2025 à 14:36

chez moi le terme intégriste représente une connotation bien particulière , j'ai des doutes que vos '' intégristes '' fassent du mal à une mouche , cela vs permet de mettre ces religieux traditionnalistes au même rang que les fanatiques religieux de cet autre religion qui prône l'amour , n'est-ce pas ;

pomsou Il y a 5 heures Le 11/06/2025 à 17:54

Regarder par le bon bout de la lunette peut aider à saisir tout le contexte:

De nombreuses associations caritatives à but non lucratif, souvent religieuses , interviennent au niveau communal pour lutter contre la pauvreté.

Par exemple, le Secours Catholique et les Restos du Coeur, elles disposent de délégations ou de centres locaux qui distribuent des repas, proposent des aides matérielles ou accompagnent les personnes en difficulté. Ces associations mobilisent des bénévoles et collaborent avec les collectivités pour apporter une aide concrète.

Les concurrencer c'est réveiller peponne et ses impôts.

Bastien.d17 Il y a 13 heures Le 11/06/2025 à 09:17

Les élus font semblant de ne pas comprendre : personne n'a dit que les CCAS étaient interdits. Simplement qu'ils n'étaient pas obligatoires
Une excellente décision que de laisser le terrain faire les meilleurs choix, plutôt que Paris

Jacques71172 Il y a 4 heures Le 11/06/2025 à 18:16

Surtout que les CCAS sont un gouffre sans fond de dépenses publiques (plus ou moins utiles) organisé par les communes et payées par l'Etat semble-t-il.

jacquouillejb Il y a 14 heures Le 11/06/2025 à 09:01

demain le FMI va surement placer la France sous '' curatelle '' car incapable de prendre des décisions pour résorber ses déficits , et là je doute que ces gouffres à pognon subsistent aux coupes à venir ;